jeudi, novembre 21, 2024

A lire également

Agriculteurs : « J’invite les responsables politiques à se mettre à notre place »

Au vu des récents évènements, l’Europe entière a les yeux rivés sur la problématique des agriculteurs. Qui sont-ils ? Christine Leblon, agricultrice dans le petit village pittoresque de Leugnies près de Beaumont a accepté de nous ouvrir les portes de l’étable.

Par Luka Michel

Manifestations dans divers endroits stratégiques, revendications en tout genre, panneaux retournés…  Les agriculteurs sont, aujourd’hui au cœur de l’actualité. Mais de quoi se plaignent-ils ? « On nous impose des normes qui semblent être des normes de bureau ; des normes qui ne ressemblent pas à grand-chose. On nous impose des choses au nom du bien-être animal, au nom de la santé humaine, ou au nom de l’écologie, et au fond quand on regarde bien, on se rend compte que c’est toujours au nom d’accords commerciaux et économiques » nous explique Christine.

La question des terres mises en jachère pose question à de nombreux agriculteurs. En quoi consiste-t-elle?  4% (bientôt 7% ; puis 10%) des terrains doivent être mis en terre « non-cultivables ». Les agriculteurs perdent donc un pourcentage de leur terre. « On condamne, on prétend qu’il faut de moins en moins de bêtes, donc de moins en moins de prairies, et donc de plus en plus de surfaces industrielles ; ensuite on prétend qu’on fait de l’écologie ! » nous dit-elle.

Passionnés d’agriculture depuis plus de 30 ans, Xavier et Christine ont observé de nombreux changements depuis toutes ces années. En effet, année après année, de nombreuses contraintes se sont ajoutées.  « Une bête aujourd’hui, a ses deux boucles en plastique que nous devons apposer nous-mêmes, alors qu’il y a 30 ans d’ici, une personne envoyée par le ministère de l’agriculture qui passait deux fois sur l’année, venait apposer une médaille en laiton. Tout cela se faisait en très peu de temps, c’était très convivial. Aujourd’hui, on doit le faire nous-mêmes, on a une façon de le faire, on a des délais pour le faire, sans quoi on est sanctionnés par un retrait sur nos primes et des amendes. On est beaucoup plus contrôlés. On peut également parler du coût. Il y a 30 ans, c’était quelque chose de totalement gratuit, alors qu’aujourd’hui cela nous revient à plus de 1300€ sur l’année. » nous confie l’agricultrice.

Il y a toujours cette peur de mal faire qui règne dans le milieu agricole. En effet, Christine nous explique qu’à la moindre erreur, l’agriculteur se voit sanctionner. Retraits d’un pourcent, ensuite de 2%, et ainsi de suite…. Cela peut vite devenir une somme relativement importante ! On ne peut pas dire que nous avons un métier qui nous permet de perdre de l’argent à beaucoup de niveaux ».

Nous nous rendons vite compte, que cette problématique résulte d’un gros problème : l’incompréhension des pouvoirs politiques et commerciaux face aux réalités de terrain des agriculteurs. Devraient-ils se plonger dans la peau de nos paysans ? Devraient-ils sortir de leurs bureaux ? C’est un voeu formulé par de nombreux agriculteurs, épuisés par des réglementations qui menacent chaque jour un peu plus leur avenir.

Malgré toutes ces contraintes, Christine est passionnée par son métier et ce sont ces côtés positifs qu’elle a souhaité mettre en avant devant notre caméra.